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Page:Hamel - Titien, Laurens.djvu/111

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tête nue. Titien l’a représenté tel qu’il était, énorme et apoplectique, mais il a su exprimer sous l’enveloppe difforme, la force et la grandeur du caractère.

À la fin d’octobre 1548, Titien était de retour à Venise. Malgré les bienfaits de Charles-Quint, il semble que le maître traversa alors une période de grands embarras. Son fils Pomponio ne cessait de lui causer de graves soucis. Titien se plaignait beaucoup et criait misère. Les revenus et les pensions que lui octroyait l’empereur ne l’enrichissaient guère, car il ne parvenait pas à les toucher. En 1550, il perdit sa sœur Orsola qui tenait son ménage depuis la mort de sa femme. Sa fille Lavinia la remplaça dans la maison de son père ; elle était fiancée à un jeune homme de Serravalle, Corelio Sarcinelli. Titien a représenté plus d’une fois cette belle et gracieuse fille. Au musée de Dresde, elle est toute simple et naïve, vêtue de satin clair, un éventail en forme de petit drapeau dans la main droite ; dans une toile du musée de Berlin, il l’a surprise dans une pose familière et telle qu’elle put lui apparaître plus d’une fois dans sa maison de Biri Grande. Vue de dos, elle regarde par-dessus son épaule droite, les bras levés et soutenant un bassin rempli de fruits. Ce geste harmonieux, le peintre l’a repris plusieurs fois. Dans une autre toile appartenant à Lord Cowper c’est encore Lavinia qui porte de la même façon un coffret ; au Prado, elle se change en Salomé portant la tête de saint Jean-Baptiste. Quelques années plus tard, Titien la peindra en jeune matrone, déjà un peu épaissie, mais avec le