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Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/226

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mer de saphir parsemée d’ilots rocheux et verdoyants. C’est un havre où les flottes du monde entier pourraient mouiller en parfaite sûreté, dans un isolement parfait. Le port est absolument merveilleux ; et l’on comprend l’émotion qu’a pu faire naître le désir nourri par la Russie de s’en emparer. Les splendides avantages qu’il possède en font un objet d’envie pour les puissances. Si, en plus de Vladivostok et de Port-Arthur, la Russie le possédait, sa flotte aurait l’empire de ces mers du nord. À part cela, c’est un endroit paisible qui ne suggère pas l’agitation politique dont il est le motif.

Won-san, le port à traité, est situé dans la partie sud-ouest de la rade. La pointe septentrionale de la rade s’appelle Port-Lazareff ; la partie sud-est est la baie de Broughton, nom qui est ordinairement donné au golfe tout entier. Le capitaine W.-R. Broughton, navigateur anglais, y entra le 4 octobre 1497, avec sa corvette de 16 canons, Providence. Port-Lazareff est à environ seize milles de Won-san, de l’autre côté de la baie vers l’ouest, à l’embouchure de la rivière Dun. C’est là le point que les Russes, croyait-on, avaient l’intention de choisir comme terminus du chemin de fer transsibérien. Il y a deux entrées de la baie de Broughton et l’une donne directement accès à Port-Lazareff. Les navires de guerre russes profitent de cet avantage en fréquentant la rade, car cela leur permet d’entrer sans révéler leur présence aux autorités de la côte. Une fois, me promenant dans ces parages, j’ai surpris des gens qui faisaient partie de l’équipage de deux navires de guerre russes, occupés à lever le plan des collines et à faire des sondages ; le consul japonais et le commissaire des Douanes ne soupçonnaient aucunement leur présence.