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Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/98

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se tiennent à part dans une classe particulière. On les nomme gisaing, et elles correspondent aux geisha du Japon ; leurs devoirs, leur entourage et leur mode d’existence sont presque identiques. Officiellement, elles sont attachées à un département de l’État, et sont sous le contrôle d’un bureau spécial, dont dépendent également les musiciens de la cour. Elles sont soutenues par le trésor national et elles assistent en évidence aux dîners officiels et à toutes les fêtes du palais. Elles lisent et récitent ; elles dansent et elles chantent ; elles deviennent des artistes et des musiciennes accomplies. Elles s’habillent avec un goût exceptionnel ; leurs mouvements ont une grâce extrême ; elles sont délicates d’aspect, très fragiles et très humaines, très tendres, très sympathiques et très imaginatives. Par leurs dons artistiques et intellectuels, les danseuses sont, — et cela est assez ironique, — exclues des positions auxquelles leurs talents les rendent si particulièrement propres. Elles peuvent se mêler à la plus haute société, et en fait elles y vivent. On les rencontre dans la maison des personnages les plus distingués, elles peuvent être choisies comme concubines de l’empereur, devenir les maîtresses d’un prince, les poupées d’un noble. Cependant un homme de naissance ne peut les épouser, bien qu’elles incarnent tout ce qu’il y a de plus brillant, de plus spirituel et de plus beau. Parmi les personnes de leur sexe, leur réputation correspond au niveau de leur moralité, car on fait une distinction entre celles dont le métier est embelli par la quasi-honnêteté d’une concubine, et celles qui sont confondues avec les simples prostituées à l’étalage prétentieux.

Dans l’espoir que leurs filles atteindront le succès qui leur assurera des ressources pour la vieillesse, les