Aller au contenu

Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cents soldats européens, avec mille cipayes, pour tenter l’escalade de Gondelour. Une ruse de Lawrence fit tout échouer[1]. « Il déplaça ostensiblement la garnison et les canons de Gondelour, et annonça qu’il avait l’intention de se consacrer uniquement à la défense du fort Saint-David. Mais aussitôt que l’obscurité le lui permit, il ramena dans la ville une forte garnison et plaça sur les remparts tous les canons dont il pouvait disposer. Les Français, au lieu d’attaquer la ville dès qu’ils virent les parapets dégarnis et vides de troupes, restèrent dans l’inaction. Complètement dupes des mouvements qu’ils avaient observés pendant le jour, ils se crurent sûrs de leur conquête et négligèrent toute précaution, et la nuit ils s’avancèrent sans beaucoup d’ordre vers la ville, croyant ne rencontrer qu’une faible résistance. Leurs échelles étaient à peine dressées contre les remparts, qu’une décharge de mitraille et de mousqueterie sema la confusion et la mort dans leurs rangs. » Les Français revinrent en désordre vers Pondichéry.

Cependant Dupleix inquiet était sorti de la ville. Il s’avançait sur la route sablonneuse qui va de Pondichéry vers Gondelour, quand au milieu d’un nuage de poussière, il aperçut les fuyards. Un moment après il se trouvait au milieu de la déroute. À force d’énergie, il remettait un peu d’ordre chez les soldats effarés ; il leur faisait traverser la rivière d’Ariancoupan et les faisait camper sous les terrassements d’une redoute à peine achevée. Devant cette défaite, il se sentit découragé. La lâcheté des troupes provoqua chez lui un sentiment

  1. Malleson, les Français dans l’Inde.