Aller au contenu

Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se réfugièrent dans la citadelle. On tournait autour de celle-ci, ne sachant comment tenter l’escalade, car les échelles manquaient, quand Lenormand découvrit à son tour une brèche dans le mur du fort. Malheureusement elle était peu praticable. Le premier assaut échoua malgré la bravoure des officiers et l’élan du soldat. On tenta une seconde attaque, une grêle de balles dispersa les cipayes et les Cafres. Kerjean, Lenormand, et une dizaine de Français restés sur la brèche, sans soutiens, redescendirent pour s’abriter dans l’angle d’une tour et de la courtine voisine. Cherchant à s’esquiver, ils se faufilaient en rasant le rempart, lorsqu’ils atteignirent une grosse tour, qui formait un saillant de l’ouvrage. Elle était à demi écroulée. Ils rallièrent leurs hommes, et quoique la rampe eût un escarpement « diabolique », malgré un feu des plus vifs, ils gagnèrent le haut de la tour, dont ils tuèrent ou mirent en fuite les défenseurs. La garnison du château s’enfuit dans la campagne, où la cavalerie la tailla en pièces.

Ce fait d’armes inspira à Salabet-Singue une vive admiration ; il ne parlait plus que de l’irrésistible furie des Français et de la puissance de son « oncle » Dupleix, qui, avec de tels soldats, deviendrait le maître du monde. « Le jeune nabab n’est que votre esclave, écrivait Bussy au gouverneur général, et dit que si vous lui donnez quelques terres, il les prendra de vous, sinon qu’il s’en ira vivre à Pondichéry… Tout le Dékan vous appartient, et on vous laisse le maître d’y installer qui vous voudrez. Tout le pays en deçà de la Chichena est à vous, et encore une fois pour l’autre partie, le nabab ne se regarde que comme votre fermier. »