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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/199

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dans la plaine fertile qui borde le fleuve. Une triple enceinte aux hautes tours, aux larges fossés pleins d’eau, où nagent paresseusement de grands crocodiles, entourait la ville, dont la forme rappelle celle d’un rectangle. Au centre de la ville, un rocher de granit, haut de cent soixante mètres, excellent observatoire pour l’assiégé, profile sur le ciel ses lignes imposantes. Des éminences coniques s’élèvent isolément dans la plaine. Au sud et à l’est, elles se rapprochent pour former de courtes chaînes aux lignes tranchées, baignées par les vapeurs lumineuses de l’horizon. Le Cauveri coule au nord et, en face de Trichinapaly, laisse à découvert une grande île où se dressent, au milieu de cocotiers et de manguiers, les gopurams ou tours pyramidales d’un des temples les plus célèbres de l’Inde, la pagode de Sheringam, avec ses portiques, ses galeries, ses statues colossales, ses sept tours fermées chacune par une muraille couverte de sculptures bizarres.

L’occupation de l’île et la pagode étaient pour la ville d’une importance capitale.

Le passage du Cauveri devenait dangereux, le blocus impossible. Il fallait, avant de penser à entreprendre quoi que ce fût sur la ville, réduire Sheringam. Les Anglais manifestèrent d’abord des velléités de garder cette position ; mais, à la vue de nos troupes, l’effarement les reprit ; ils repassèrent le Cauveri en toute hâte et se renfermèrent dans Trichinapaly. D’Autheuil laissa des troupes dans Sheringam, mit garnison dans la redoute de Coilady, que les Anglais avaient construite à la pointe est de l’île, passa le fleuve et, contournant la forteresse, établit son quartier général près