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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/207

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sonne. Il résolut de le surveiller, et de lui indiquer les manœuvres que la stratégie exigerait.

La pensée dominante de Dupleix, c’était d’empêcher l’entrée du convoi dans Trichinapaly. Il mit en campagne une foule d’espions, recrutés parmi les brahmes, les parsis, dans les sectes hostiles à l’islamisme ; leurs rapports lui apprirent bientôt le lieu de réunion de l’expédition, le nombre des voitures, la force de l’escorte, l’activité des Anglais, l’itinéraire tracé, la date du départ. On était au 15 mars, le convoi ne pouvait se mettre en route que le 27 ou le 28 ; on avait le temps pour soi et la supériorité numérique sur l’ennemi. Les troupes française de Law se montaient à neuf cents hommes renforcés de deux mille cipayes ; l’armée de Chanda-Saïb se composait de trente mille Hindous. Malgré tous leurs efforts, les Anglais n’avaient pu réunir que quatre cents Européens et onze cents cipayes pour protéger la multitude de chariots, de bêtes de somme, de coolies, qui, dans le désordre et la confusion causés par la chaleur et la fatigue, allaient s’allonger à l’infini sur les routes poudreuses de Gondelour à Trichinapaly. Ils avaient onze rivières à traverser ! Battre l’ennemi, le disperser, emmener ou brûler les voitures de vivres, c’était l’opération la plus élémentaire. Il n’y avait, selon Dupleix, qu’à laisser devant Trichinapaly trois cents Français et vingt mille Hindous, forces bien suffisantes pour repousser une sortie de la garnison, et avec le reste, c’est-à-dire cinq cents Européens, deux mille cipayes et dix mille soldats de Chanda-Saïb, se porter le plus loin possible en avant de la place, dans une position bien choisie, et, sous le poids des