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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/219

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On commençait à avoir faim dans l’île. Law disait qu’il savait où trouver des vivres, mais qu’il n’avait pas d’argent pour les acheter… Il eût été pourtant assez simple de les prendre… Les entrevues de Law et des Anglais étaient presque quotidiennes. Il était littéralement fasciné ; il laissait ses troupes l’arme au pied, s’user peu à peu dans l’inaction. Il ne paraissait pas se douter que le rôle d’un général, c’est de se battre, et que, comme le fer, l’énergie a été donnée à l’homme pour s’en servir. Son devoir, c’était d’attaquer Clive, de sortir de Sheringam pour gagner un établissement français ; ce n’était pas impossible et c’était glorieux. Toutes les lettres de Dupleix lui en remontraient la nécessité. « Tenez le plus longtemps possible, lui disait-il, et représentez-vous la situation dans laquelle les Anglais ont été à Trichinapaly. » Il lui prescrivait, dans le cas où les vivres manqueraient entièrement, de se mettre en retraite sur Tanjore. « C’est le parti qui peut nous faire le moins de tort. Il est d’autant plus naturel que, le Coleron et le Cauveri n’étant plus guéables en cette saison, on peut se rendre à Karikal sans risque. » Il prêchait enfin l’héroïsme et la fermeté. « Il faut se battre, disait-il, se battre vigoureusement ; ce n’est pas en restant sous les banyans de Sheringam que vous vous tirerez d’affaire. » Mais Law n’avait plus aucun ressort. Quand il s’aperçut que les vivres manquaient et qu’il allait être bombardé, au lieu de se jeter sur l’ennemi pour se frayer un passage, ou pour mourir les armes à la main, il envoya au camp anglais pour prévenir de l’extrémité où il était, et capitula. L’armée française était prisonnière de Méhémet-Ali ! Le 13 juin,