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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/225

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de rétablir les affaires de son pays, autant qu’il est possible et de n’accepter de paraître à des conférences qu’après quelques succès, qui restaurent l’équilibre rompu. Au fond, la capitulation de Sheringam n’était pas pour lui ce qu’elle était pour tout le monde, un irrémédiable désastre ; ce n’était à ses yeux qu’un échec cuisant, grave, mais réparable après tout. Il devinait des ressources là où les autres n’en soupçonnaient pas.

Aussi avait-il la volonté très-arrêtée de continuer la guerre, et en cela il n’obéissait pas à l’impulsion d’un orgueil irréfléchi, mais à des mobiles de l’ordre le plus politique. Il voyait plus haut et plus loin que l’opinion et que les directeurs de la Compagnie, qui lui écrivaient dans une dépêche datée du 5 mais 1751, arrivée le 22 juin 1752, « qu’ils attendaient avec la plus grande impatience d’apprendre que la paix règne sur la côte de Coromandel, que nul autre avantage ne peut tenir lieu de la paix, qui seule est capable d’opérer le bien du commerce, dont le ministre et la Compagnie désirent qu’il s’occupe essentiellement ». Le bien du commerce, c’était là pour Dupleix un intérêt secondaire dans le moment présent ; on s’en occuperait plus tard quand la question politique serait vidée. Il s’agissait bien d’une querelle de prépotence entre deux Compagnies rivales ! C’était un duel à mort entre la France et l’Angleterre, dont l’Inde était l’enjeu.

Il voulait assurer la victoire à son pays. Il s’appliquait donc à écarter tout ce qui pouvait nuire au succès, à se servir de tout ce qui devait le hâter. Or la paix lui apparaissait comme le plus sûr moyen de ruiner la cause de la France dans la péninsule, puisqu’elle détrui-