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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/229

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nir l’armée à marches forcées. Dupleix s’y refusait énergiquement, et sa femme l’encourageait à la résistance. Quoi ! alors qu’après de pénibles travaux on était parvenu à imposer à tant de peuples la domination française, on se retirerait d’Aurungabad, cette ville fameuse dans toute l’Inde, dont la possession jetait sur nos armes un éclat tel que dix désastres comme celui de Sheringam ne suffiraient pas à le ternir ! Il était alors absolument inutile de continuer la guerre, car le plan de Dupleix reposait entièrement sur la tête du soubab. Pour dominer l’Inde, il était nécessaire que la France exerçât un ascendant impérieux sur les souverains du Carnate et du Dékan. On avait perdu le premier de ces princes. C’était une raison pour se cramponner au second. En l’abandonnant, quel prétexte et quel moyen avions-nous pour établir notre empire ? Il ne nous serait plus possible de suggérer, dans le tête-à-tête, nos propres désirs au représentant du Mogol et de nous faire donner solennellement, à la face de l’Inde, la mission de les exécuter. C’était vouloir se tuer.

L’occupation du Dékan, c’était comme le pivot sur lequel évoluait tout le système de Dupleix. Le soubab de cette immense contrée n’était-il pas le plus puissant prince de l’Inde après le Grand Mogol ? « Séparé par la chaîne du Vindya de l’empire désorganisé de Delhy, le possesseur de la province mahométane du Dékan semblait en position de dicter des lois à toute l’Inde méridionale. Il commandait à une grande armée et régnait sur une population guerrière. Il était seigneur suzerain du nabab du Carnate et exerçait dans cette province l’autorité du Mogol. Il possédait ainsi la puissance mo-