Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/231

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entre les alliés et l’effroi que leur causerait l’apparition d’une nouvelle armée française tenant la campagne, ce qui ne pouvait tarder, puisqu’on était à la veille de l’arrivée des renforts habituels, — il s’appuierait plus fortement que jamais sur Salabet-Singue. Puisqu’il était impossible d’empêcher la révolution de Delhy, Dupleix s’efforcerait de l’annuler. Enfin il s’adresserait à Balladgi-Rao et lui offrirait notre alliance et des avantages considérables. Le Mahratte, qui, l’année précédente, avait senti le poids de nos armes et notre générosité, accepterait sans doute et abandonnerait Gazendi-Kan. Non-seulement on serait alors en état de repousser l’agression du nouvel empereur, si elle se produisait, et de tenir tête au frère de Naser-Singue, mais encore de prendre à revers dans une attaque soudaine et imprévue les plus redoutables alliés de Méhémet-Ali-Kan, dans le cas où l’on ne parviendrait pas à rompre l’entente de celui-ci avec Morari-Rao et le rajah de Maïssour. Le temps ! c’était la grosse affaire pour l’exécution de ce hardi projet. L’aurait-on ? Dupleix n’en doutait pas. Il connaissait ses ennemis, et puis il savait qu’à la guerre le vainqueur, lui aussi, a ses timidités et ses inquiétudes. Ses espions lui rapportaient que sous Trichinapaly, dans le camp de l’adversaire, on ne distinguait aucun de ces préparatifs qui sont comme les préludes obligés d’une marche offensive, mais qu’on devinait plutôt un trouble dont la cause pouvait aussi bien provenir de l’apathie du général que de tiraillements entre les coalisés.

Depuis quelques jours, Dupleix avait fait pressentir à Bussy, dans des lettres presque quotidiennes, la conduite qu’il entendait tenir dans le Dékan. Le moment