Aller au contenu

Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cautions voulues ; on ne se défiait de rien, quoique l’on ne fût qu’à une lieue de l’ennemi, campé à Bahour.

« Cette idée, dont Lawrence était sans doute bien instruit, ainsi que de notre mauvaise situation, l’engagea à attaquer de nuit notre campement. La surprise fut entière, et pendant qu’il amusait par un feu de cipayes à l’avant-garde, l’ennemi entrait par derrière sans que l’on s’en aperçût. Cependant chacun tint bon ; mais il y avait de la confusion. La baïonnette jouait son jeu, et l’ennemi paraissait prêt à fuir, quand le bruit de la mort de Kerjean se répandit. Il n’y eut plus moyen de retenir le soldat ni les cipayes. Tout se débanda, et il ne fut pas possible de ramener les troupes au combat[1]. » Elles ne s’arrêtèrent que sous le canon d’Ariancoupan, où des officiers envoyés aussitôt par Dupleix les réorganisèrent. On avait perdu cinq canons et une vingtaine d’hommes.

C’est le moment où la fatalité semble s’acharner contre Dupleix. Il a beau déployer toutes les ressources de son génie, il a beau combiner, avec un art merveilleux les opérations de guerre, il ne peut communiquer à ses généraux ni son coup d’œil, ni sa décision, ni sa prudence, ni son élan. Aucun n’élève son âme à la hauteur des circonstances. Ils ne savent pas dominer les événements. Le succès les grise, la défaite les abat. Ses plus vieux compagnons, ceux qu’il croit à l’abri de toute défaillance, sont pris de lassitude et montrent du découragement et des doutes. Ils désespèrent du succès et s’effrayent à la pensée des luttes à soutenir. « Dupleix

  1. Dupleix, Lettre à Bussy. (Archives de Versailles.)