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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/308

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autres comptoirs que je dois parcourir ; et peut-être cet exemple que je donne pourra-t-il être quelquefois continué dans la suite. Au reste, Monsieur, j’aime à me flatter que le choix n’est tombé sur moi que parce qu’on connaît mes sentiments et ceux que vous m’avez témoignés jusqu’à présent ; que nous ne les démentirons pas, et qu’aidé de connaissances aussi étendues que les vôtres, nous ne donnerons en cette occasion que des preuves de l’amour pour le bien public, qui doit seul nous animer… Je vais hâter notre relâche pour avoir plus tôt le plaisir de vous voir, ainsi que madame Dupleix et mademoiselle sa fille, à qui j’ai l’honneur de présenter mon respect, etc. »

Dupleix, en lisant cette lettre, n’éprouva qu’un sentiment la joie d’apprendre le retour d’un ami dont l’aide lui serait précieuse. Il ne se douta pas que son rappel était décidé, qu’il allait être contraint d’abandonner son œuvre au moment où il entrevoyait le triomphe définitif ; il ne devina aucun des calculs de Godeheu et ne vit pas le ton de persiflage, d’envieuse ironie, dissimulé dans la lettre sous les protestations amicales. Au reste, comment eût-il pu concevoir le moindre soupçon ? Personne, sauf Machault, les directeurs et Godeheu, ne connaissait les décisions prises contre le conquérant de l’Inde. Et puis Dupleix croyait en Godeheu. N’écrivait-il pas aux gouverneurs des comptoirs de la Compagnie : « Le ministre et la Compagnie ont pris la résolution de faire passer dans l’Inde Godeheu, pour y prendre connaissance exacte de tous les établissements et en faire son rapport en France…

« N’allez pas regarder cette résolution de la Compagnie