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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/329

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directement avec lui et par correspondance tous les points en litige. Ainsi on tirerait tout au clair, on ne perdrait pas de temps en vaines récriminations, on arriverait plus tôt à faire jouir l’Inde du repos auquel elle aspirait. Saunders, un peu étonné, mais charmé au fond d’une précipitation qui servait tant les intérêts de son pays, accepta tout de suite la procédure indiquée par Godeheu et envoya à celui-ci un projet de traité que le gouverneur de Pondichéry se préparait à signer, quand il reçut de nouvelles instructions de France.

Écrites sous l’impression des dernières victoires de Dupleix, ces instructions étaient plus fières que celles emportées par Godeheu à son départ. On lui recommandait de garder Mazulipatam et Divy. On insistait fortement sur « la nécessité de cultiver avec soin les alliances avec les princes indigènes et de ne rien omettre pour les attacher de plus en plus à la Compagnie » ; on lui déclarait « qu’il était essentiel d’entretenir les liaisons les plus intimes avec le soubab du Dékan ». On lui promettait des secours. On lui annonçait le départ d’une escadre anglaise chargée de troupes ; on lui faisait enfin pressentir l’imminence d’une attaque.

La déception et l’affolement de Godeheu à cette lecture furent vraiment comiques. Il n’était pas venu dans l’Inde pour faire la guerre ! Il résolut « de se laisser guider par le vrai bien, dans l’intention de soumettre plus tard sa façon de penser au jugement de la Compagnie » ; — il attendait tout de la pusillanimité des actionnaires et des directeurs, — et, avec une fiévreuse impatience, supplia Saunders d’en finir.