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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/38

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Il se charge de persuader aux princes indigènes qu’il est de leur intérêt d’accepter le secours de nos troupes contre la turbulence de leurs sujets ou les invasions de l’étranger. Quel est le potentat indien qui hésiterait à mendier notre appui, lorsqu’il connaîtrait la puissance de nos armes ? Trouvant dans une telle alliance toutes les garanties qui donnent aux trônes la stabilité et la sécurité, il s’engagerait sans peine à pourvoir à la solde et à l’entretien de la force auxiliaire. Grâce à la mauvaise administration des gouvernements indigènes, la solde de ces troupes demeurerait toujours en arrière. La dette envers la Compagnie grandirait donc en même temps. Il serait facile d’obtenir du prince des concessions de territoire en payement, ou la mission de percevoir les impôts avec une délégation de la toute-puissance. D’allié du nabab, on en deviendrait alors le protecteur ; on en ferait ce qu’on voudrait avec la menace de lui retirer l’appui de nos baïonnettes. Le souverain de tant de millions d’hommes ne serait plus qu’un mannequin dans nos mains. Peu importait que le nabab eût un pouvoir légitime ou non ; on le traiterait selon les besoins, comme un prince indépendant ou comme un fonctionnaire de la cour de Delhi. L’essentiel, c’était de se servir du fantoche, au titre pompeux, comme d’un porte-voix pour dicter nos volontés à l’Inde.

L’Angleterre ne reculerait pas devant la guerre pour empêcher l’exécution d’un projet qui tendait à la chasser d’un continent où elle s’était établie, où elle voulait rester. Au fond, cette perspective d’un duel avec la Grande-Bretagne n’inquiète Dupleix que médiocrement ; cela rentre dans ses calculs. Ce qui lui importe,