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Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/87

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c’est aussi de lui dont je me suis servi auprès de vous pour tirer tout l’avantage que l’on devait espérer d’une ville dont l’opulence est si connue en Europe, et qu’une chimère seule arrête.

« Oui, Monsieur, je conseillerai à mon frère de manquer à sa parole quand elle peut faire tort à un Turc, quand elle est avantageuse à l’ennemi et aussi désavantageuse à la Compagnie et à la nation. Oui, Monsieur, on n’est pas obligé de la tenir, et quiconque vous dit que vous le devez vous trompe et s’en dédira. Je connais les hommes. »

Au fond, malgré son air de matamore, le rebelle se sentait terrassé. Il disait un soir, à table : « J’ai été trop vite ; je sens que je me suis trop avancé. Mais le vin est tiré, il faut le boire. Mon affaire est sale. J’ai des moyens pour m’en tirer (et faisant un petit mouvement de pouce), j’espère qu’ils ne me manqueront pas. »

Il savait très-bien que les ordres du ministre le visaient directement ; il éprouvait de l’inquiétude et du malaise ; mais il ne voulait pas le laisser voir, pas plus qu’il ne pouvait se soumettre tout d’un coup. Il lui fallait rester fidèle à son rôle et paraître toujours et uniquement préoccupé de ses serments, tout en cherchant à sortir de l’impasse où il s’était mis.

Il écrivait le 10 à Dupleix : « Les lettres du ministre ne détruisent pas mes précédents ordres. Je vous avouerai pourtant que votre lettre du 8, où vous me dites qu’il y aurait un moyen de ne pas manquer à ma parole, me laisse en suspens ; ce serait pour moi le comble du bonheur. » Et le 11, il revenait à la charge : « Cette nuit, j’ai cru découvrir la porte par laquelle