Aller au contenu

Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/89

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les deux derniers offraient les avaries les plus graves. Douze cents hommes avaient disparu ; il n’y avait plus de flotte !

Cette calamité secoua La Bourdonnais dans tout son être. Pendant quelques jours, son devoir d’amiral l’emporta sur tout, et il n’eut plus qu’une pensée, sauver les débris de la flotte. Il redevint le héros de l’île de France et de Madagascar ; mais cette fougue d’abnégation ne dura que le temps du danger. Ce caractère était condamné à passer brusquement de la grandeur à la bassesse. Le péril disparu, La Bourdonnais reprit ses petits calculs et se rattacha passionnément à tout ce qui pouvait favoriser son orgueil.

Il essaya de ranger sous son commandement les capitaines des vaisseaux le Centaure, le Mars, le Brillant, qui avaient apporté les instructions de France sur les pouvoirs du conseil. Ces officiers, alléguant leurs ordres de se mettre à la disposition du gouvernement de Pondichéry, refusèrent d’obéir à La Bourdonnais. Pour assurer l’exécution de ses desseins, celui-ci résolut de précipiter les événements. Il comptait, pour se disculper, exploiter ses négociations avec le conseil, dont il n’aurait fait que devancer les intentions. Il écrivit au conseil : « Mon parti est pris sur Madras, je vous l’abandonne, pour me donner tout entier à sauver les débris de nos pertes. Je signe la capitulation ; c’est à vous à tenir ma parole. » On lui avait fréquemment objecté qu’aux termes mêmes de la capitulation, on ne pouvait légalement et valablement traiter avec les autorités anglaises, puisque celles-ci étaient prisonnières. Il sentait toute la force de l’objec-