Aller au contenu

Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


137
LES FORMES.

 
Les hauts peupliers, fourbus, ployés en deux,
 Balayant la terre avec leur crête,
 Vont tracer des cercles autour d’eux
Comme des sorciers par un soir de tempête.


Le lierre, arraché des murs, fouette l’air lourd
 Qu’il emplit d’un sifflement sinistre,
 Tourne, monte, ondule, va, vient, court,
Comme un serpent fou qui danse au son du sistre.


Les chênes trapus assomment les lilas ;
 Le rosier qui saigne ses pétales
 S’abandonne, indiciblement las,
Sous le choc hurlant des rafales brutales.


Pendant quatre nuits et quatre jours entiers,
 Secoués dans un fougueux désordre,
 Bataillant au-dessus des sentiers,
Ils n’ont pas cessé de geindre et de se tordre.