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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/168

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L’AUBE.





ROMANCE



À tout petits pas, lente et les pieds las,
Elle allait, flairant les fleurs d’un air tendre ;
Un nid gazouillait au fond d’un lilas,
Et Jeanne s’assit, s’assit pour attendre.

Les petits oiseaux prenaient leurs ébats,
Et Jeanne rougit, rougit sans comprendre ;
La brise se prit à siffler très bas,
Et Jeanne se tut, se tut pour entendre.

Son cœur et le nid chantaient tous les deux,
Et le vent câlin chantait autour d’eux :
« Quand vient le printemps, les bourgeons fleurissent. »

La mère fauvette alla, vint, partit,
Revint, sautilla, piqua l’herbe, et dit :
« Quand vient le printemps, les nids se remplissent. »