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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/187

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LA VIE INTÉRIEURE.

Et dans la solitude énorme du saint lieu,
Les sièges, flancs à flancs, s’alignent en prière :
On dirait, prosternés sous l’image du dieu,
Des spectres de l’ennui qui pleurent sur la pierre.

 
Un malaise sacré tombe des cintres lourds ;
Par degrés, lente, autour des colonnes massives,
Voici que la nuit tend ses nappes de velours :
L’âme d’un siècle mort plane sous les ogives.


Elle descend, la nuit muette : son front brun
Se couche pour dormir dans l’angle des chapelles ;
Les feux, les ors, les tons, tous meurent, un par un…
La nuit dort. Les vitraux sont voilés de dentelles.


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