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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/205

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LA VIE INTÉRIEURE.

 
Les enfants auront peur de toucher mes doigts veules ;
Je serai le galant des caduques aïeules,
Épris des bonnets verts à coques d’organdi…
Et des femmes, partout, épouses, vierges, gouges,
Les seins bombés, les yeux luisants, les lèvres rouges,
Passeront : leur parfum fleurira l’air tiédi.


Les bustes évasés balanceront leurs grâces
Sur le socle mouvant et flou des hanches grasses ;
Les jupes aux longs plis recéleurs glisseront :
Leur effleurement doux, de mes reins à ma nuque
Fera courir un trouble et des frissons d’eunuque ;
Et les femmes, toujours, partout, repasseront.


D’autres mains d’homme iront dénicher les nichées
De désirs pépiant sous les toiles ruchées ;
D’autres lèvres iront boire aux festins rosés :
Alors, brusque, un remords hurlera dans ma bête
D’avoir rapetassé des chagrins de poète
Quand c’était l’heure chaude et pourpre des baisers !