Aller au contenu

Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



LE SOIR





LA BRUTE



à maurice rollinat




A travers l’inconnu des paysages mornes,
Un très grand taureau noir me poursuit, me poursuit,
Et je sens sur ma peau la pointe de ses cornes
Poussant ma chair qui tremble et ma course qui fuit.


Je sens son muffle chaud souffler un vent de flamme
Et les cailloux en feu saillir sous ses sabots :
L’effroi, dans mes poumons oppressés, geint et clame,
Et de la nuque aux reins, l’horreur crispe mon dos.