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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/260

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LE SOIR.







LE LIT


à alphonse daudet




Sanctuaire divin de l’extase et des rêves,
Tombeau de nos regrets, gouffre de nos remords,
Je t’aime, ô Lit profond où les heures sont brèves,
Et qui fais les vivants heureux comme les morts ;


Toi que la sainte nuit dresse dans les ténèbres
Entre le monde hostile et le néant béni ;
Qui, frère des cercueils, endors nos cœurs funèbres
Et balance notre âme au bord de l’infini ;

.