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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/46

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LES LOIS.

— Des mers ! Des mers ! — Ce n’est qu’un reflux de comètes :
Passe. — Nul horizon ! La mer moutonne encor…
Et des mers ! Et partout, sous nos pieds, sur nos têtes,
Tournoie et s’élargit le monstrueux décor !


— Ce n’est qu’un point du ciel et qu’un chiffre du nombre !
Marche, tu n’as rien vu, marche. — Je suis fourbu :
Quand donc trouverons-nous la fin, les murs de l’ombre ?
— Cours mille fois mille ans et tu n’auras rien vu !


Va l’infini de temps dans l’infini d’espace !
Toujours le feu des feux gronde et rugit sur toi :
Et tout s’entraîne, fuit, disparaît, vient, repasse
Et roule éperdument dans les vents de la Loi !


Et tout peuplé, vivant, pensant, créant des rêves,
Lançant des cris d’espoir et des soupirs de deuil,
Aimant, souffrant, croyant, et sans buts, et sans trêves,
Sans rien savoir, sans rien voir… — Et j’ai de l’orgueil !