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Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/56

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LES CULTES.

Les vierges aux bras fins glissent sous les mûriers,
Et, remplissant de fleurs le treillis d’or des cistes,
Mêlent le myrte pâle aux roses des lauriers.


Les éphèbes, debout près des fûts ronds des xystes,
S’écartent pour livrer passage aux vieillards lents,
Qui s’en vont, les pieds lourds, le front bas, les yeux tristes.


Sous l’autel de Vénus, les femmes aux beaux flancs
S’arrêtent, présentant les couples de colombes
Qui palpitent, frileux, dans le nid des seins blancs.


Les prêtres vénérés parent les hécatombes,
Tandis que, prosternant au loin leurs chers regrets,
Les veuves en longs deuils pleurent au bord des tombes.


Des groupes enlacés montent vers les forêts :
Les lèvres des amants ont des rires d’extase
Qui font fuir l’albe lune au fond des cieux discrets.

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