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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/107

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SUR LA ROCHE

— Pas ma chemise ?

— Garde-la si tu veux, mais moins qu’il y en a, moins ça tire.

En se dévêtant, elle demandait :

— On pourra aborder, tu crois ?

— Faut voir.

— Tu espères ?

— Tire tes souliers. Tu t’accrocheras à mon épaule, tu entends bien ?

— Oui…

— Touche ni mes bras ni mes jambes. Ferme la bouche. Parle pas. Bouge pas. Cramponne-toi et laisse aller.

Assise pour se déchausser, elle considérait la mer où peut-être elle allait périr, et deux grosses larmes coulaient silencieusement sur ses joues, tandis que l’ivrogne louchait en souriant vers la belle fille à demi nue dont la chemise mouillée se teintait de transparences.

— Allons-y, fit-il.

— Mad-doué…

Ils se levèrent. Elle se signa une dernière fois et posa sa main droite sur l’épaule gauche du marin. Au moment d’entrer dans l’eau, il se tourna vers elle :

— Baise-moi en bouche.