Aller au contenu

Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
LA PEUR

ment à Montmartre : c’est un tout autre quartier, aussi loin que possible de Montrouge ; on ne viendra peut-être pas me chercher-là. Autre avantage : l’appartement est libre et je pourrai emménager dès le 1er avril. Je signe.

18 mars. — Lubert prétend que j’ai eu tort de choisir Montmartre, qui est le rendez-vous des Apaches, et où le petit boucher a certainement des amis : je n’avais pas songé à cela. Où donc vivre, mon Dieu ?

1er avril. — J’emménage : c’est une grosse fatigue. Le soir, au moment de me coucher, je reçois une dépêche : « J’aurai ta peau. — Le Petit Boucher. »

Ainsi, ce départ n’a servi à rien : le bandit connaît ma nouvelle adresse.

2 avril. — Sur le conseil de Lubert, je porte ma dépêche au commissariat. On me rit au nez, on prétend que j’ai reçu un poisson d’avril.

31 avril. — Mon nouveau quartier ne me réussit pas : tout ce mois-ci, j’ai vécu comme dans un rêve. La menace du petit boucher me poursuit. Il pense à moi, là-bas, et je l’entends. Lubert m’a expliqué la télépathie. J’ai des élancements dans la tête, et je peux