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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/216

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LA PEUR

fini d’arranger, et qu’il a fallu partir, c’était des cris et des cris ! La pauvre Céline l’embrassait, son petit, fallait voir ça et ça fendait le cœur ! Même qu’un moment j’ai cru qu’elle n’allait plus vouloir, la malheureuse, j’ai dû la remonter. Je lui disais : « Ça vaut-il pas mieux, tout de même, que de le laisser mourir de faim, quand tu n’as plus de pain à lui donner, et quand il va souffrir de son mal de boisson, sans pouvoir guérir ?

— Oui, qu’elle dit.

— Mourir pour mourir, que je dis, et il ne souffrira plus.

— Non, dit-elle.

Elle pleurait, comme vous pensez, et je l’ai emmenée…

Souvent, elle se retournait, pour voir si le flot arrivait déjà. En route, nous avons retrouvé nos sabots. Il tombait une pluie fine.

— Pauvre petit, qu’elle dit Céline, il sera mouillé.

Vous me croirez si vous voulez, monsieur le juge, il n’avait pas pleuré en nous voyant partir. On aurait dit qu’il comprenait que c’était pour son bien, ce qu’on lui faisait là.

Quand nous avons été de retour sur la