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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/301

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LES SABOTS DE NOËL

Pour commencer, je vous dirai qui je suis : je suis un cheval de fiacre, mais le don de la parole vient de m’être accordé, pour une fois, et vous allez voir dans quelles circonstances vraiment extraordinaires.

J’étais une bonne bête : on peut m’en croire ; je n’ai jamais menti ; je n’aurais pas pu mentir, puisque je ne parlais pas, et je ne mentirai pas aujourd’hui, puisque le Bon Noël m’a donné la parole pour que je dise la vérité. Il veut que je vous raconte mon aventure, et je la raconterai bien franchement, et j’expliquerai tout sans me mettre en colère. On ne m’a jamais reproché de me mettre en colère. Mon caractère est doux ; je n’ai jamais fait de mal à personne ; j’ai toujours trotté tant que j’ai pu, pour contenter le monde, parce tout va mieux quand le monde est content.