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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/113

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effet, comme le sang passe constamment du ventricule droit dans les poumons par la veine artérieuse, et comme, lorsqu’il est dans les poumons, il est attiré par le ventricule gauche, ainsi que le démontre la disposition des valvules, il est nécessaire que ce trajet se fasse d’une manière continue. Et de même, comme le sang entre continuellement dans le ventricule droit du cœur et sort continuellement du ventricule gauche, ce que les raisonnements démontrent, il est impossible qu’il n’y ait pas un courant continu du sang, de la veine cave à l’artère aorte.

Ainsi donc l’anatomie nous montre, chez la plus grande partie des animaux et chez tous après les premiers âges de la vie, que la circulation se fait par les larges voies des vaisseaux, les pores invisibles des poumons, et les anastomoses des artères et des veines du poumon, ainsi que l’indique Galien, et ainsi que le démontrent les preuves données par nous-mêmes plus haut. Quoiqu’un seul ventricule, le ventricule gauche, eût suffi à envoyer le sang dans tout le corps et à le conduire hors de la veine cave, comme cela a lieu chez les animaux qui manquent de poumons, cependant la nature, voulant que le sang passât à travers les poumons, a dû ajouter le ventricule droit, qui, par ses contractions, remplaçant le ventricule gauche, envoie dans les poumons le sang de la reine cave : c’est pourquoi le ventricule droit sert au passage du sang par le poumon, mais non à la nutrition du poumon. Aussi bien serait-il absurde de dire que les poumons ont besoin d’une nourriture très abondante et d’un sang très pur et très riche en esprits, sortant