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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/181

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cette action contractile a pour but de lancer le sang dans les artères.

Il faut aussi approuver ce que dit Aristote sur la force régulatrice du cœur. Reçoit-il du cerveau le sentiment et le mouvement ? reçoit-il le sang du foie ? est-il le principe des veines, du sang, etc. ? Ceux qui veulent soutenir cette opinion oublient un fait fondamental, c’est que le cœur existe avant toute autre partie, et qu’il a en lui le sang, la vie, le sentiment, le mouvement, avant que le cerveau et le foie existent et apparaissent distinctement, avant qu’ils aient pu remplir une fonction quelconque. Avec son organisation, disposée en vue du mouvement, le cœur est comme un être intérieur qui préexiste à tous les organes. Une fois qu’il existe, l’animal tout entier peut être créé, nourri, conservé et perfectionné par lui, comme si la nature avait voulu qu’il fût à la fois l’ouvre et le réceptacle du cœur. Ainsi le cœur, comme le chef de l’État, a le souverain pouvoir et gouverne partout. C’est de lui que naît l’être ; c’est de lui que dépend et que dérive le principe de toute puissance.

L’étude des artères confirme et éclaire cette vérité. Pourquoi l’artère veineuse n’a-t-elle pas de pulsations, quoique on la range parmi les artères ? pourquoi sent-on le battement de la veine artérieuse ? c’est que le pouls des artères tient à l’impulsion du sang lancé par le cœur. Si les artères par leurs parois épaisses et résistantes différent tant des veines, c’est qu’elles ont à soutenir l’effort du cœur et le jet de sang qu’il leur lance.