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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/223

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Si les esprits sont exhalés du sang, comme les vapeurs se dégagent de l’eau chaude, continuellement et sans cesse, il faut nécessairement qu’ils soient nourris par le sang et qu’ils ne restent pas éloignés de ce qui les nourrit. Émanant sans cesse de lui, ils ne peuvent affluer ou refluer, passer ou rester en un endroit, sans que le sang, en même temps qu’eux, afflue, reflue ou passe, soit qu’il leur soit soumis, soit qu’il les transporte, soit qu’il les nourrisse.

Ceux qui enseignent que les esprits se font dans le cœur, qu’ils sont des exhalations et des vapeurs sanguines qui, mises en mouvement par la chaleur et les contractions du cœur se mélangent à l’air inspiré, pensent-ils, je voudrais le savoir, que ces esprits sont beaucoup plus froids que le sang ? En effet, les deux parties : la vapeur et l’air qui le composent sont plus froides, car la vapeur de l’eau bouillante est bien mieux supportée que l’eau bouillante elle-même. La flamme brûle moins que le charbon, et le charbon de bois moins que le fer ou l’airain incandescent.

Ainsi les esprits reçoivent leur chaleur du sang plutôt que le sang ne reçoit la chaleur des esprits. Ce sont bien plutôt des fumées et les effluves excrémentitielles du sang et du corps (les odeurs, par exemple) que des agents naturels. Et surtout ils perdent si vite leur puissance (s’ils en ont reçu une du sang, qui est leur origine), qu’ils sont en vérité bien fragiles et prompts à disparaître.

Il est aussi probable que l’expiration des poumons sert à ventiler et à purifier le sang par le dégagement de ces vapeurs. L’inspiration fait que le sang, en allant d’un ventricule du cœur à l’autre, est tempéré par le froid qui l’entoure ; car, s’il était brûlant et s’il se gon-