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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/250

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gorgées de sang, sont couvertes d’une vive rougeur et se gonflent extrêmement. Si après avoir enlevé le lacet nous plaçons un tel cadavre dans une position quelconque, en peu d’heures vous verrez tout le sang abandonner le visage et la tête pour aller des parties élevées aux parties basses, en passant par les pores de la peau, de la chair et des autres parties. Le sang semble tomber, conduit par son propre poids, et il colore d’une bouillie noirâtre les parties inférieures, et surtout la peau qu’il remplit. Combien le sang vivant et animé par les esprits d’un animal vivant, doit mieux pénétrer par les pores ouverts, que le sang mort et coagulé, condensé par le froid de la mort dans chaque partie, alors que les vaisseaux se sont resserrés et comprimés ! Combien, chez les vivants, le passage du sang est plus facile et plus rapide dans les organes !

Un homme remarquable par son brillant génie, René Descartes, que je remercie de la mention élogieuse qu’il a faite de moi, ayant, avec d’autres expérimentateurs, enlevé le cœur d’un poisson, l’a mis sur une table et a observé ses pulsations. Il pense que le cœur, en se contractant, se relevant, se redressant et devenant plus rigide, ouvre, développe et agrandit ses ventricules. Selon moi, cela n’est pas exact, car il est certain que, quand le cœur est contracté, les ventricules doivent être plus resserrés et être en systole, non en diastole. Alors que le cœur, comme épuisé, retombe et se relâche, il est en dilatation et en diastole, et la cavité des ventricules est plus grande. Ainsi sur un cadavre nous ne disons pas que le cœur est en diastole, quoiqu’il ne soit pas en systole, mais qu’il est relâché, flasque, immobile et sans mouvement. Cependant il n’est pas distendu ; en effet il n’est distendu et, à proprement parler, en diastole,