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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/39

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les veines revient au cœur, il n’y a qu’un pas, assurément, peu difficile à faire ; cependant cette conclusion, Fabrice d’Acquapendente ne l’a point énoncée. C’est son élève, W. Harvey, qui devait la formuler, quarante ans plus tard, avec une précision admirable.

Tels sont, en réalité, les prédécesseurs immédiats de Harvey. Servet montre que la cloison du cœur n’est pas perforée et découvre la petite circulation. Colombo vulgarise la doctrine de Servet (qu’il ne cite pas) et la propage dans un livre qui se répand rapidement, en sorte que tous les savants de l’époque le lisent et l’étudient. Césalpin démontre que le sang des veines va au cœur, et Fabrice d’Acquapendente trouve dans les veines des valvules qui facilitent la direction du sang veineux vers le cœur[1].

Toutes ces découvertes, antérieures à Harvey, ne

  1. Outre ces auteurs illustres, on peut citer encore, depuis la publication du livre de Servet jusqu’à celle du livre de Harvey (1553-1629), bien des écrivains obscurs qui ont écrit sur la circulation du sang. Flourens a montré (loc. cit., p. 39) que Le Vasseur n’avait rien dit qui ne fût dans Galien. Relativement au P. Sarpi, il est clair qu’il n’a pas découvert les valvules ; mais il parle d’un grand secret qu’il ne faut révéler à personne : et on peut, avec M. Tollin, supposer qu’il s’agit de la circulation du sang découverte par Servet (loc. cit., p. 45,) et regardée comme un secret diabolique, émanant de Servet l’hérésiarque et le confident du diable. Carlo Ruini (de Bologne), dans un Traité de l’anatomie du cheval, parle de la circulation pulmonaire, comme Servet et Colombo (Flourens, p. 255), en 1598. Il en est de même d’Eustachio Rudio, professeur à Padoue, qui parle aussi de la circulation pulmonaire en 1600 ; de Jean de Valvèdre (Anatome corporis humani, 1556), et de beaucoup d’autres dont je n’ai pas à citer les noms ; car la question historique est jugée. Il est impossible de ne pas remarquer quelle part importante les anatomistes italiens, et spécialement l’école de Padoue, ont à la découverte de la circulation du sang, et il faut ne pas oublier qu’Harvey étudia pendant quatre ans à Padoue.