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Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/88

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on voit très nettement cette poche se contracter d’abord, et le cœur se contracter ensuite.

Dois-je parler aussi des faits observés, qui paraissent contraires à ce que je viens de dire ? Le cœur de l’anguille, de certains poissons et d’autres animaux bat encore lorsqu’il est arraché du corps et privé d’oreillettes. Bien plus, si on le divise en différentes parties, on en verra les fragments se contracter et se relâcher séparément ; et même après que les oreillettes auront cessé de se mouvoir, les ventricules du cœur continueront à battre et à palpiter. Est-ce une propriété particulière à ces animaux vivaces dont la nature est humide et gluante, ou bien leur vie lourde et lente est-elle plus dure à détruire ? On peut voir un phénomène analogue sur les muscles des anguilles, qui conservent leurs mouvements après avoir été dénudés, arrachés et coupés en morceaux.

J’ai fait l’expérience suivante sur une colombe ; le cœur avait tout à fait cessé de se mouvoir, les oreillettes elles-mêmes avaient depuis quelque temps cessé leurs contractions. Alors je mouillai mon doigt de ma salive, et je l’appliquai sur le cœur. Cette douce chaleur parut lui rendre les forces et la vie, sur le point de s’éteindre ; et je vis le cœur, oreillette et ventricule, se contracter, se relâcher : c’était une véritable résurrection.

J’ai pu en outre observer souvent ce fait, que, lorsque l’oreillette droite elle-même avait cessé de se mouvoir, et que le cœur paraissait mort, on pouvait reconnaître, au sang contenu dans cette oreillette,