Aller au contenu

Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la disposition, la situation et le mécanisme des valvules. Mais là, comme dans un lieu obscur, on voit tous les anatomistes tâtonner et hésiter, essayant en vain d’accorder des opinions diverses et contradictoires, et d’accumuler les conjectures, ainsi que nous l’avons démontré plus haut.

La principale cause de cette hésitation, et la seule cause de ces erreurs, me paraît consister dans l’ignorance des rapports du cœur et du poumon chez l’homme. En voyant la veine artérieuse se perdre dans les poumons, ainsi que l’artère veineuse, on ne pouvait comprendre comment et par où le ventricule droit distribue le sang dans le corps et comment le ventricule gauche va chercher le sang dans la veine cave. C’est ce qu’attestent les paroles de Galien, attaquant les idées d’Érasistrate sur l’origine et les fonctions des veines, et la coction du sang[1]. Vous répondrez, dit-il, que le sang se forme dans le foie, et, de là, est porté au cœur, où il va subir une dernière transformation et prendre sa perfection définitive, ce qui ne manque pas d’être raisonnable ; car nul parfait, nul grand ouvrage ne s’est fait subitement et tout d’un coup, et n’a pu par un seul instrument acquérir toute sa perfection. Mais, s’il en est ainsi, montrez-nous un autre vaisseau qui nous ramène du cœur le sang complètement perfectionné et le répande dans tout le corps, comme les artères répandent l’esprit vital. Ainsi Galien avait désapprouvé et délaissé une opinion raisonnable, parce qu’il ne voyait pas

  1. De placitis Hippoc. et Plat., VI.