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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/100

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les demi-civilisés

Comme j’observais ce spectacle, je me sentis poussé dans les reins par une jeune Américaine, fort jolie.

— J’espère, fit-elle, que cette fête finira par une saoulerie générale.

— C’est bien commencé.

Dorothée et Maryse se montraient amusées et surprises de tant de sans-gêne. Nous étions bien déterminés à ne pas répondre à ces avances trop aimables, mais l’étrangère me poussa de nouveau du coude :

— Dites donc, vous ne prendriez pas une coupe de champagne avec nous ?

— Merci ! dis-je, le sauternes nous suffit.

L’Américaine reprit franchement :

— Vous ne voyez donc pas que nous brûlons, mon copain et moi, de nous joindre à vous ? Vous allez rire. Je commence à voir tourner les tables, le monde, le plafond, tout. Comme c’est drôle, le vin français ! Tout à l’heure, nous allons faire l’amour à la française, vous savez. Quand on prend du vin, c’est Paris qui nous entre dans le sang.

Les présentations se firent : nous apprîmes que l’étrangère s’appelait Kathleen Ross, et son compagnon Jack Murphy.

— On m’appelle aussi « Little Lady Vagabond », dit Kathleen, à cause de mes voyages.

Jack ne disait rien, se contentant de regarder, dans un hébétement mêlé d’admiration, les deux femmes as-