Aller au contenu

Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
les demi-civilisés

— J’ai raison de croire que vous vous seriez expliquée depuis longtemps, si c’était possible. Je ne vous dirai rien, sinon que je n’ai pu vous oublier. J’ai essayé…

— Oui, j’ai su. Vous avez essayé. Vous n’avez pas été non plus étranger à mes pensées. Aurais-je voulu vous chasser de mon souvenir que de bonnes âmes se seraient chargées de me rappeler vos succès, dans certain monde.

— Que dois-je comprendre à cela ?

— Vous le savez aussi bien que moi. On vous peint comme un homme léger, inconstant, mondain. Je souhaite que ce soit faux. Ce ne l’est peut-être pas, et cela m’inquiète.

— En quoi puis-je vous inquiéter, puisque je vous suis indifférent ?

— Vous ne l’avez pas toujours été. Je vous avais mis sur un piédestal, et vous n’en étiez jamais descendu. Le cœur se serre quand on voit crouler quelqu’un pour lequel on eut un culte.

— Que ne me donnez-vous des précisions ?

— Je suis certaine que vous comprenez. Depuis que nous nous sommes quittés, dix femmes ont passé dans votre vie. Quelques-unes vous aiment, c’est certain, et celles-là étaient peut-être dignes d’être aimées. Vous avez eu, avec elles, des moments de sincérité. Aussitôt que vous sentiez que l’amour les tenait bien, vous les abandonniez à elles-mêmes, parce que vous les possé-