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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/161

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les demi-civilisés

mour est partie. Cette foi qui fait vivre, vous l’avez étouffée.

— Laissez-moi, Max, je vous en supplie !

Je libérai son bras. Elle fit un pas vers moi, en chancelant, et, se cachant la face contre ma poitrine, éclata en sanglots. Je fermai mes bras sur elle et cherchai sa bouche.

Pour la première fois depuis le grand drame, je goûtais un vrai baiser d’amour.

— Dorothée, tu m’aimes encore !

— Il ne faut pas ! Il ne faut pas ! Entends-tu ? Nous ne nous reverrons peut-être plus.

— Pourquoi ?

— Dans quelque temps, je ne serai plus de ce monde.

— Tu veux mourir ?

— Je serai dans un couvent.

Elle avait à peine prononcé ces mots qu’elle fuyait.

Dans le port morne, la sirène d’un navire déchirait la nuit. Une longue coque noire glissait sur l’eau piquée de clartés vertes et rouges, couleurs qui traduisaient l’espoir et la frayeur de mon âme.

***
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