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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/23

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les demi-civilisés

mière vers neuf heures du soir, quand arrivèrent de la ville, à l’hôtel où logeait Marthe, un jeune homme et une femme qui demandèrent des renseignements précis sur les pensionnaires de l’endroit. On leur donna innocemment les détails requis.

— Où sont-ils actuellement ? questionna l’inconnue.

Comme j’assistais à cette conversation, je crus rendre service :

— Je sais où ils sont. Vous n’avez qu’à me suivre.

Chemin faisant, je remarquai, à des signes évidents, que la nouvelle venue était nerveuse. Je crus même qu’elle proférait des menaces.

— Les lâches ! les hypocrites ! disait-elle.

Trouvant la route trop longue à son gré, elle répétait sans cesse :

— Nous n’arriverons donc jamais. Plus vite, allons plus vite !

Près du sentier où j’avais vu s’engager le couple :

— C’est ici, dis-je.

— Fort bien, petit. Ne bouge plus. Nous irons tout seuls. Nous voulons leur faire une surprise. Pas un mot, pas un bruit ! Entendu ?

Le sentier grimpait à pic un raidillon semé de gros quartiers de roc. Pour y marcher, il fallait s’agripper aux branches, de peur de dégringoler jusqu’en bas et de se blesser.