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Page:Harvey - Les demi-civilisés, 1934.djvu/84

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les demi-civilisés

vos idées d’indépendance. Dans la vie, il n’y a jamais d’indépendants !

Meunier était dans son droit et sa logique me confondait. J’étais déterminé à refuser, mais, de peur de l’irriter davantage, je me taisais. Dorothée, qui n’avait rien dit jusque-là, intervint :

— Papa, vous avez beaucoup de bon sens quand vous parlez d’affaires, mais, dans les idées, vous vous perdez. Ce n’est pas à M. Hubert que vous donnerez votre argent, c’est à moi. La revue, je vais la fonder. Elle m’appartiendra et j’aurai le droit de la donner à qui je voudrai. En attendant, voici mon collaborateur (elle me désignait). Il n’aura de comptes à rendre qu’à moi. Vous acceptez ?

— Même dans ces conditions, j’hésite, car j’aurais l’air de vivre aux crochets d’une femme.

— Max Hubert, vous ne savez donc pas ce que vous voulez ? Voulez-vous être associé à quelqu’un, oui ou non ? Et puisqu’il vous faut des associés, que vient faire ici la question du sexe ?

Nous nous regardâmes en riant. La partie était gagnée.

Meunier sonna un domestique :

— Une bouteille de Johnnie Walker ! ordonna-t-il.

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