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tectorat, le grave recueil, qui est un de nos monuments littéraires les plus honorables, put surmonter tous les obstacles, et il a partagé avec la feuille de Renaudot le singulier privilége de traverser toutes les révolutions et de prolonger son existence jusqu’à nos jours.


Ainsi, trois priviléges, qui constituaient alors de véritables monopoles, défendaient les approches de la presse périodique : la Gazette avait le monopole de la presse politique, le Journal des Savants celui de la presse littéraire, le Mercure celui de la petite presse, de la presse légère, semi-littéraire, semi-politique.

Le domaine de la Gazette fut longtemps respecté : la politique, alors, c’était l’arche sainte, à laquelle il était défendu de toucher sous peine de mort.

On pouvait, sans inconvénient, laisser un champ plus libre à la presse littéraire. Cependant, les premiers qui voulurent marcher sur les pas du Journal des Savants, l’imiter, le compléter, le perfectionner, car c’était leur prétention à tous, durent recourir aux presses étrangères. Mais on comprit bientôt que la rigueur sur ce point était au moins inutile ; on capitula, et, moyennant un tribut payé au suzerain des recueils littéraires, le premier venu à peu près obtint la permission d’avoir son petit journal. Le mouvement, d’abord assez lent, se précipita