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chimie, de peur ce dit M. Talon, que cet homme, qui a tant envie d’en avoir par droit et sans droit, n’ait enfin envie d’y faire la fausse monnaie[1]. »


On voit à quel point le Parlement et les gens du roi entraient avant et prenaient part dans les guerres des corps contre les libres survenants.

Depuis lors, le nom du Gazetier revient moins souvent sous la plume du caustique docteur, et, quand il apprend sa mort, il se borne à en faire l’oraison funèbre en deux mots « Le vieux Théophraste Renaudot mourut ici le mois passé, gueux comme un peintre » (lettre du 12 novembre 1653) ; ne craignant pas de se donner ainsi à lui-même et aux calomnies qu’il avait si laborieusement entassées un éclatant démenti. Mais la vanité n’y regarde pas de si près, et Patin n’a pu résister à la satisfaction de donner ce dernier coup de pied à son adversaire. Ne voyez-vous pas le contraste ? Le docteur de Montpellier, le promoteur de l’antimoine, le charlatan, est mort gueux comme un peintre, et lui, Guy Patin le docteur de la Faculté de Paris, le champion de la saignée, le soutien de la routine, il a maison de ville et maison des

  1. Dans l’extrait des Registres de la Cour de Parlement (1644) où est relaté le plaidoyer de M. Talon, on ne trouve point cette phrase, que M. Talon ne laissa peut-être échapper qu’en conversation, si tant est qu’elle ne soit pas simplement de l’invention de Guy Patin.

    Voir sur ce procès et sur son promoteur, les Lettres de Guy Patin, et un très-intéressant article de M. Sainte-Beuve (Causeries du Lundi, VIII, 79), qui nous a fourni plus d’un détail curieux.