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est en raison inverse de la quantité ; elles ne sont ni aussi vives, ni aussi spirituelles, que les pamphlets de la régence de Marie de Médicis, comme ces pamphlets eux-mêmes n’ont ni l’originalité, ni l’âcreté, ni la verve des libelles de la Ligue. Cela s’explique par l’abaissement des intérêts, d’où devait nécessairement résulter l’affaiblissement des passions : il y avait un abîme, en effet, entre les profondes et terribles passions de la Ligue et le bouillonnement superficiel de la Fronde. Celle-ci, néanmoins, a produit des pièces très-hardies, très-importantes, qu’il faut toujours consulter pour la vérité de l’histoire, et un plus grand nombre de pièces très-amusantes, très-gaies, qu’on peut lire encore. Tout alors s’écrivait en vers, les controverses comme les récits. Cet usage, nous dirions presque cet abus de la poésie, est un des caractères extérieurs de la Fronde, et à son tour la poésie de la Fronde a un caractère propre : elle est burlesque. Le burlesque était le genre à la mode depuis le Typhon de Scarron, publié vers 1640, et il faut avouer que, si un événement politique prêta jamais à ce genre, ce fut bien la guerre de la Fronde.

Aussi est-ce par ce dernier côté surtout, par leur peu de sérieux, disons mieux, par leur caractère burlesque, que se distinguent les pamphlets de la Fronde, où, du reste, il y a de tout, de la grossièreté, du cynisme, de la bigoterie, de l’impiété,