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Princesse, il faut que je l’avoue,
Je devrais avoir sur la joue.
Ma muse est presque au désespoir,
Car certainement, hier au soir,
Au lieu de songer la rime,
Je jouai si tard à la prime,
Que je dors encor tout debout,
Et ne sais pas bien par quel bout
Je dois commencer ma copie,
Tant ma pauvre âme est assoupie.


Ainsi jouant et buvant le jour et la nuit, Loret, honnête homme du reste, faisait souvent des dettes ; il l’avoue sans vergogne ; il ne serait pas éloigné de s’en vanter pour en tirer parti ; il ne craint pas du moins de mendier pour les payer : Ô très-excellente Princesse, on m’a fait espérer


Que de moi vous auriez souci,
Et que, pour réparer les pertes
Que depuis un peu j’ai souffertes,
Vous prendriez dans votre trésor
Quelques pièces d’argent ou d’or,
Que je recevrais avec joie,
Pour contenter, par cette voie,
Deux ou trois créanciers que j’ai,
Auxquels je me suis obligé,
En foi d’honnête et galant homme,
De payer au moins quelque somme
Au terme Saint-Jean, échu d’hier.
Or monseigneur le créancier
Se fait aujourd’hui fort de fête,
Croyant la somme toute prête,
D’autant qu’entre eux j’ai le bonheur
De passer pour homme d’honneur.