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On dit que c’est de moi que vous voulez parler
Quand certaine bourgeoise, à qui la mode est douce,
Pour être en cramoisi fit défaire une housse…
Pour le mot de bourgeoise, un peu trop répété,
Les bourgeois de ma sorte ont de la qualité ;
Quand vous voudrez écrire, ajustez mieux vos contes,
Et sachez que je suis auditrice des Comptes.




Autre scène.


Longuemain

N’est-ce pas vous, Monsieur, qui faites ce beau livre
Qui n’est pas plutôt vieux qu’il redevient nouveau ?…
Pour vivre en honnête homme il faut avoir du bien.
La vertu toute nue autrefois était belle ;
Mais le vice à son aise est aujourd’hui plus qu’elle,
Et, de quelques talents dont on soit revêtu,
On ne fait point fortune avec trop de vertu.
Cela posé, j’ai cru pouvoir tout me permettre
Dans les divers états où l’on m’a voulu mettre.
Dès mes plus jeunes ans, dans mes plus bas emplois,
J’ai toujours eu le soin d’étendre un peu mes droits.
Cette inclination augmentant avec l’âge,
Dans des postes meilleurs je prenais davantage.
Mais tous ces petits gains, par leurs faibles appas,
En flattant mes désirs ne les remplissaient pas,
Si bien que, tout d’un coup, l’occurrence étant belle,
De deux cent mille francs j’ai fraudé la gabelle ;
Et vous m’obligeriez, après ce beau coup-là,
De donner dans le monde un bon tour à cela.
Quand on a comme vous une plume si bonne…

Oronte

Et quel diable de tour voulez-vous que j’y donne ?
Après un vol si grand…