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lement que j’aurais pu faire à un auteur qui aurait mérité quelques égards. Il ne jugea pas à propos de m’honorer d’une réponse ; au contraire, il recommença de plus belle à user de mes vers, comme d’un bien dont on aurait obtenu confiscation, et il a continué de vivre de sa proie jusqu’à ce qu’elle lui ait manqué tout-à-fait ; en sorte qu’une partie de mes écrits a déjà eu l’honneur de paraître sous les enseignes du sieur Dufresny, et de grossir un livre qui, après quarante années de possession, se soutient toujours fièrement dans la place qu’un auteur lui a assignée au-dessous de rien. »

Disons aussi que Rousseau était l’ennemi déclaré de Dufresny. Il ne laisse échapper aucune occasion de l’attaquer. Dans la préface de ses œuvres imprimées à Soleure en 1712, il écrit que Dufresny « avait toutes les qualités que les amis du défunt pouvaient désirer pour faire longtemps regretter son prédécesseur ; » il n’avait pas d’ailleurs attendu jusque là pour manifester les sentiments qui l’animaient à l’égard du nouveau rédacteur du Mercure. Dufresny ayant donné, dans son premier numéro, les bouts rimés de trente, quarante, etc. Rousseau bâtit là-dessus une pièce fort plaisante, qui se terminait par ces deux vers :


À la vieille Babet je le ferais pour rien,
Pourvu que je te visse étrillé comme un chien.


Cette vieille Babet était une bouquetière qu’on