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équitable ait toujours été respectée. Ce qui est plus certain, c’est que ces pensions furent l’objet d’incessantes et avides compétitions. Sans doute aussi qu’elles furent l’occasion de quelques belles actions ; nous pouvons du moins en citer une. L’abbé Raynal avait sur le Mercure une pension de 1,200 livres ; il la perdit quand, poursuivi pour son Histoire philosophique des Indes, il fut forcé de s’expatrier. Le ministre offrit alors à Garat de lui transporter cette pension ; mais celui-ci répondit qu’il ne savait point s’enrichir des dépouilles des vivants.

Garat donna encore une autre preuve de désintéressement, et, à la fois, de dignité, que Grimm rapporte ainsi (édit. Taschereau, t. XII, p. 363) :

« Le Mercure de France est une entreprise typographique dont le produit appartient au département du ministre de Paris. La majeure partie est affectée à des pensions ; le reste est distribué annuellement en gratifications aux jeunes littérateurs qui ont travaillé à ce journal. Dans la distribution que M. de Breteuil vient de faire de ces bénéfices, il a compris pour 300 livres tournois, une fois payées, M. Garat. Ce jeune philosophe, couronné trois fois par l’Académie, et l’un des coopérateurs les plus laborieux et les plus distingués du Mercure de France, s’est trouvé si humilié de l’exiguité de cette récompense, qu’il s’est permis d’adresser à son bienfaiteur la lettre que voici :