Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 1.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus habiles publicistes, avait trouvé dans l’imprimerie un instrument à la fois et un aliment. Les gros livres, trop longs à écrire, trop longs surtout à lire, firent place aux petits traités courants, qu’il était facile de répandre. Les traités eux-mêmes furent supplantés par les manifestes, les proclamations, les satires, imprimés sur des feuilles isolées, et habituellement d’un seul côté, qu’on obtenait à bon marché, qu’on se passait sous le manteau, et qu’au besoin on affichait pendant la nuit. Les partis, pour enflammer le zèle ou soutenir l’ardeur de leurs adhérents, faisaient imprimer et distribuer la relation des avantages qu’ils avaient obtenus. C’est par des circulaires de ce genre, cachées dans la selle d’un cheval, dans la doublure d’un manteau de voyage, que les protestants de France apprenaient les victoires de leurs coreligionnaires d’Allemagne, et ils se servaient à leur tour du même moyen. L’usage devint bientôt général d’imprimer sur des feuilles séparées et de vendre à bas prix les relations de tous les événements remarquables, de tous les faits propres à affriander les lecteurs. On devait être naturellement conduit à réunir plusieurs événements sur la même feuille ou dans le même cahier, et le jour où l’industrie d’un homme, encouragée par la curiosité croissante du public, donnerait un titre uniforme à ces feuilles volantes, établirait entre elles un ordre de succession et leur