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plissais de toutes sortes de contes de ruelles, de bruits de ville, d’anecdotes édifiantes ou scandaleuses, de tout ce que je pouvais ramasser en allant, en entrant partout, en ne cessant d’écouter[1]. »

Dans l’origine, les nouvellistes se bornaient à se communiquer les nouvelles qu’ils avaient recueillies, chacun de son côté, ou tirées de leur imagination, et, en se séparant, ils les répandaient de vive voix par la ville. Mais bientôt on en était venu, dans la plupart des cercles, à en tenir registre ; on en discutait la valeur, et, si elles le méritaient, on leur donnait place dans une sorte de journal, dont les copies manuscrites étaient répandues à profusion dans Paris. Telle est l’origine de ces fameuses Nouvelles à la main dont on a tant parlé. Le commerce s’en était même, à la fin, régularisé, autant que le permettait leur nature clandestine : chaque cercle avait son bureau de rédaction et de copie, ses correspondants en province, et les gazettes manuscrites, ou gazetins, comptaient un grand nombre d’abonnés auxquels on les adressait moyennant une somme qui variait suivant qu’elles se composaient de plus ou moins de pages. De là au journal il n’y avait plus qu’un pas.


Il semblerait que les nouvelles à la main eussent dû disparaître devant les gazettes imprimées. Il

  1. Monteil, Histoire des Français.